Le premier pas en thérapie
Lorsque « ça » déborde à l’intérieur de soi, le fait de réussir à franchir cette première étape, puis de persister dans cette envie, est gagner la première bataille, car c’est une expérience qui permet de contenir, de maintenir ou de rassembler ce qui parait s’effondrer au fond de soi.
Se mettre face à face avec cet « étranger » qui est là pour vous écouter est à la fois quelque chose qui peut inquiéter mais qui surtout inspire cette force vitale que la parole sait mettre en mouvement.
Chacun écrit sa propre histoire.
Pour autant, « l’émerveillement crée en nous un appel d’air » écrit Ch. Bobin ! Sans que le changement tant espéré ne soit le résultat d’une quelconque « méthode miracle », toutefois, chaque être humain a besoin de cet ingrédient spécial qui l’engage à se projeter dans l’avenir, à rêver sa vie, à avoir une « pensée scintillante » dirait encore Bobin. C’est de croire que quelque chose est possible, malgré les problèmes dans lesquels on peut être empêtré ! C’est en cela que la « magie » peut opérer et qu’un travail psychothérapique peut enfin commencer
Le psychologue, une personne ressource ?
Chaque être humain peut se retrouver un jour, momentanément, ou de façon plus durable démuni, perdu ou en proie à des angoisses qui l’empêchent de dormir, de travailler, d’aimer ou de vivre tout simplement.
Dans certaines circonstances traumatisantes tout être humain peut s’avérer faillible ou vulnérable. Quelquefois c’est extrêmement compliqué de savoir d’emblée la ou les raisons de son mal-être. Parfois ça parait plus évident…
Personne n’est à l’abri d’un deuil insurmontable, d’une séparation douloureuse, d’un licenciement, d’un accident de la vie ou d’une maladie soudaine…
Comme tout un chacun peut se trouver emmêlé dans des questionnements autour de son existence, de choix de vie sans savoir quel chemin emprunter…
Le psychologue est une personne-ressource, une oreille attentive qui est formée :
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d’une part, pour repérer en vous certaines sources causant ce mal-être plus ou moins profond, plus ou moins ancien
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et d’autre part pour vous aider à extérioriser vos difficultés, vous permettre d’identifier vos propres ressources et vous accompagner, en vous guidant de manière personnalisée, en fonction de votre état et de votre situation précise pour (re)trouver votre goût à la vie, faire des choix, pouvoir trouver la force de sourire à nouveau ou de chercher à devenir simplement soi-même !
Comme D. Winnicott le souligne c’est en étant créatif que l’individu découvre QUI il est.
La thérapie est d’ailleurs une forme de création permanente, une forme de jeu thérapeutique où le psychologue n’est pas là pour façonner son patient en se cantonnant aux méthodes théoriques impersonnelles qu’il appliquera sans distinction à tout le monde, mécaniquement.
Mais au contraire, il réinvente en permanence avec son patient, en tant qu’être unique, les moyens à sa portée pour se dégager de ses fixations, de ce qui l’immobilise dans ses symptômes et découvrir ses propres créations pour (ré)activer en quelque sorte cette essence irréductible de son être, souvent méconnue par lui-même.
Le psychologue amène son patient à la parole (comme l’étymologie du verbe provoquer le suggère : pro-vocarer). Ainsi, F. Roustang aime scander que la psychothérapie se résume à une continuelle « provocation » qui appelle vers une réaction de la part de son patient en lui rappelant à chaque instant « qu’il n’a rien d’autre à faire que vivre » !
Autrement dit, trouver les moyens pour tenter de se rendre davantage disponible à son existence, à son ressenti, à son vécu, à ce qui se passe là, même s’il doit emprunter aussi quelques détours par le passé, pour re-trouver le temps, sa propre temporalité, tel un enfant qui découvre ce qui l’émerveille et qui le fait exister.
Quel titre de psychothérapeute agréé ?
Le psychologue et le psychiatre ont tous deux des formations initiales qui permettent à terme, en fonction de leurs choix de spécialisations de pratiquer la psychothérapie avec une garantie de connaissances de base solides.
D’ailleurs le titre de « psychothérapeute » est protégé et réservé aux psychologues cliniciens et aux psychiatres.
Selon la loi, l’article 52 du 2004, l'usage du titre de psychothérapeute est exclusivement réservé aux professionnels inscrits au registre national des psychothérapeutes.
Ainsi, pour vérifier le titre d’un psychothérapeute, mais aussi celui d’un psychologue il suffit de chercher son nom sur la liste officielle de l’Annuaire Santé.
A savoir : Le titre de psychothérapeute est accessible d’emblée :
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pour les psychiatres
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ou les médecins non-psychiatres qui justifient d’une formation supplémentaire en psychopathologie et d’un stage en rapport avec cette formation,
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pour les psychologues cliniciens directement avec leur DESS ou Master 2 en psychologie clinique et/ou psychopathologie
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ou pour les psychologues non cliniciens et les psychanalystes (ceux qui par ailleurs ne sont pas ni psychologues ni psychiatres) mais qui justifient d’un diplôme de niveau master avec mention psychologie ou psychanalyse, faisant partie d’une association analytique, une formation théorique en psychopathologie clinique de 400 heures minimum, un stage pratique d’une durée minimale de 5 mois dans des services agréés.
L’identifiant RPPS (anciennement numéro ADELI) permet de certifier que le professionnel peut utiliser le titre de psychologue et est agréé à pratiquer des psychothérapies.
A savoir : En effet, depuis juin 2024 il y a une bascule progressive du numéro Adeli vers l’identifiant RPPS (le Répertoire Partagé des Professionnels de Santé) qui permet de centraliser les informations sur les acteurs de la santé.
RPPS servira à identifier les professionnels du secteur de santé, à connaitre leur niveau d’études, leur diplôme, leur mode d’activité libéral ou public etc.
Il permet également de vérifier que les professionnels possèdent bien les titres protégés qu’ils prétendent avoir, par exemple, le titre de « psychologue », de « psychiatre » de « médecin » ou de « psychothérapeute » titres règlementés par l’Etat avec des critères très exigeants sur le niveau d’étude garanti et dont les diplômes sont sanctionnés d’ une formation universitaire sérieuse.
Ainsi, lesdits « psychothérapeutes » sont agréés que sous l’identifiant RPPS, (qui succède au numéro Adeli), ce qui permet de les distinguer de ceux qui ne sont pas autorisés par l’Etat d’exercer sous ce titre protégé.
Certains professionnels qui ne prétendent pas au titre de psychologue, de psychothérapeute ou de médecin cités ci-dessus peuvent alors recourir à des intitulés non encadrés par la loi puisqu’ils n’exigent aucun critère particulier de niveau d’étude ou de de formation dispensés par des établissement agrées.
A titre d’exemple, un psychologue/psychothérapeute a suivi plus de 2000h de cours sur la psychologie et un strict minimum de 500 à 1000 heures de stages en plus de ses spécialisations et formations complémentaires, une psychothérapie ou une analyse personnelle , une intervision et/ou supervision dans les domaines de son exercice.
Tant les psychologues que les médecins psychothérapeutes peuvent avoir des formations
psychothérapiques supplémentaires par des organismes certifiés pour des spécialisations dans l’hypnose, la systémie, la psychanalyse des divers obédiences, l’art-thérapie, l’EMDR, les TCC, ACT, ICV etc. mais tout en ayant obtenu les formations initiales universitaires.
Ces derniers peuvent alors utiliser des intitulés génériques et larges comme « psy » , « praticiens » ou « thérapeutes » (comme peuvent le faire d’ailleurs les psychologues ou les psychiatres) mais cette fois-ci pour des pratiques dites « hors du cadre réglementé ». Ces pratiques peuvent être extrêmement inégales en fonction des formations reçues par des centres qualifiées ou pas, de la quantité et de la qualité du contenu, du volume horaire de la formation, de la supervision obligatoire ou pas et notamment de la présence ou de l’absence des modules en clinique et en psychopathologie.
Ces pratiques peuvent inclure plusieurs autres dénominations non protégées par la loi en termes de garantie de niveau d’études, comme « praticien en hypnose ou en sexologie » « hypnothérapeute », « coach », « psychopraticien », plusieurs « psycho-quelque chose » etc.
Contrairement au « psychothérapeute », chaque « thérapeute » est alors libre, en son âme et conscience, d’avoir une formation spécifique de qualité ou de s’autoproclamer en tant que tel ce qui exclue toute éthique professionnelle.
Attention aux intitulés des diplômes prétendus professionnalisants avec des noms prometteurs mais sans valeur car certains « psy », profitant du flou de la règlementation, n’hésitent parfois pas à s’installer et à faire des accompagnements thérapeutiques après une « formation » très faible et non reconnue de 50 à 200 heures étalée sur quelques mois et sans aucun stage ni pratique accompagnée sérieuse.
Chaque parcours est unique et chaque praticien travaille avec ses propres bagages et ce qu’il a pu en faire.
Le travail sur soi-même et la supervision permet au psychothérapeute, soucieux d’un travail de qualité, de se dégager de sa propre problématique et « faire avec » sa propre histoire de vie avant de s’occuper de celle des autres.
Contrairement au psychiatre qui est, quant à lui, médecin et qui a étudié le corps humain sous l’aspect médical et biologique à la Faculté de Médecine, le psychologue ne prescrit pas de médicaments. Ce dernier a étudié pour un minimum de 5 ans (et souvent bien en fonction de ses formations supplémentaires) la psychologie à la Faculté des Sciences Humaines et il est spécialiste de ce qui sous-tend « l’âme » : (= « psyché ») et ses rapports humains. Cette approche psychologique avec l’éclairage précieux des sciences humaines lui permet d’aborder les difficultés et les questionnements humains avec notamment l’outil de la parole qui a des effets sur le corps.
Cependant, on ne peut oublier que corps et esprit sont intiment liés. Les symptômes psychiques ont des expressions somatiques car ils sont supportés par un corps. Le psychisme n’existe pas indépendamment de son corps et vice versa. Le travail psychologique s’ancre donc dans un corps et doit tenir compte des enjeux psychosomatiques. Le corps « parle » son propre langage, ce que le psychisme agite parfois dans les comportements et ses troubles, à défaut d’une autre expression.
C’est alors un travail également sur le corps mais non pas dans son aspect somatique, strictement médical mais dans sa large dimension psychique au travers de la mémoire corporelle qui traverse l’histoire personnelle de chaque être inscrit dans une continuité transgénérationnelle.
Les métaphores et leurs images mentales, les associations libres et les rêves, les techniques de respiration, la méditation de pleine conscience, les médiations par l’art, par le jeu thérapeutique ou par la nature, l’interaction groupale et bien d’autres outils peuvent s’avérer d’une grande utilité dans le processus thérapeutique, lorsque le professionnel les intègre dans l’accompagnement psychothérapique à bon escient, de façon non dogmatique, mais aussi à l’aide de connaissances solides du fonctionnement psychique.
Cela implique savoir doser ses outils, en fonction de chacun, afin de s’accorder avec la réalité psychique de son patient et respecter le rythme avec lequel il peut cheminer. C’est une éthique qui sert de boussole dans le travail.
Chaque psychologue peut avoir des orientations, voire des obédiences (psychanalyse, cognitivisme, systémie, etc.) ou simplement des sensibilités qui inspirent sa pratique et donnent un contenant et un fil conducteur qui garantit une éthique professionnelle.
Or, on ne peut être spécialiste de tout comme il est réducteur d’être enfermé dans une seule et unique pratique qu’on applique indistinctement à tous.
Dans tous les cas, rien ne peut prédire le type et la qualité de la relation unique qui va être engagée entre un patient et son thérapeute. En effet, aucune spécialité ne modifie la personnalité ou le libre arbitre d’un psychothérapeute et tant mieux !
Toutefois, à mon sens, une demande auprès d’un « psy » qualifié peut trouver son essor thérapeutique lorsque la « réponse » en face n’est pas galvaudée, résumée à un simple inventaire de « bonnes pratiques » mais plutôt qui laisse la place à la subjectivité et au libre arbitre de la personne qui s’exprime.
L’épigénétique et les neurosciences ont donné des preuves tangibles et scientifiques sur les conséquences des psychotraumas au sein du cerveau et sa possible transmission entre les générations d’une même famille.
Le travail psychothérapique et le pouvoir de la parole vient contrebalancer les effets traumatiques inscrits dans les circuits neuronaux du corps.
Toutefois, cette réversibilité plastique du cerveau avec ses capacités d’ autoguérison requiert tout de même un travail d’accompagnement sérieux à l’aide d’un professionnel aguerri.
L’outil privilégié du psychologue reste la parole mais il manie aussi des des tests de la personnalité et surtout des techniques, en fonction de ses formations, ses stages, séminaires et les emplois occupés, qui facilitent l’expression thérapeutique (hypnose, EMDR, médiation art-thérapique, outils comportementaux, systémiques, psycho-corporels, groupaux etc.).
Ecouter c’est accueillir l’autre avec reconnaissance sans se substituer à lui pour lui dire ce qu’il doit être
Jacques Salomé
A qui faire confiance pour faire une psychothérapie ?
Quelle que soit sa spécialisation et ses outils, un bon psychothérapeute ne se résume pas à un simple exécutant d’une quelconque théorie mais lorsqu’il reste authentique et inventif.
Mon avis est que l’essentiel du choix ne dépend pas tant de la technique utilisée ou de telle obédience précise, affirmée et exclusive (souvent conseillée par un ami ou vue dans tel magazine comme une méthode « miraculeuse ») mais de la qualité et de la richesse du travail effectué avec un praticien dans un climat de confiance et de sécurité.
Un des signes qui ne trompe pas est la liberté de pouvoir dire si vous avez le sentiment de ne pas avancer ! Chaque être humain est unique et ce qui convient à l’un ne convient pas forcément à son voisin.
Cependant, Il me paraît indispensable :
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d’une part de se fier à quelqu’un qui possède les diplômes et les agréments nécessaires pour exercer à la fois en tant que psychologue que psychothérapeute.
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Un minimum d’études spécialisées en psychologie avec un Master 2 en psychologie clinique (ou un DESS de psychologie clinique et pathologique) est requis pour avoir le titre de psychologue et les qualifications nécessaires pour exercer ce métier tout comme pour avoir le titre de psychothérapeute.
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L’identifiant RPPS (qui remplace le numéro ADELI) est obligatoire pour exercer tant pour les psychologues que pour les psychothérapeutes et cela donne une forme de garantie de niveau d’études (Voir rubrique précédente : « Quel titre de psychothérapeute agréé ? ».
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Cependant, plusieurs professionnels de la santé sont inscrits également sous l’identifiant RPPS et le seul moyen de savoir leur titre exact, selon les diplômes obtenus, est de vérifier en tapant son nom dans l’annuaire de la Santé (lien à mettre l’annuaire de la santé : Accueil - L'Annuaire Santé)
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mais d’autre part, faire confiance à son propre ressenti ! Lorsque la méthode utilisée, la manière de procéder ou l’attitude du « psy » en question ne vous convient pas pour différentes raisons ou qu’il vous met mal à l’aise c’est très important de pouvoir le formuler.
Un psychologue compétent avec des principes éthiques doit pouvoir entendre cela et agir en conséquence :
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soit travailler avec vous sur la nature de cette difficulté dans l’interaction thérapeutique,
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soit réguler son positionnement,
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soit alors vous diriger vers un confrère ou une consœur.
Vous êtes libres de franchir le cap pour vous renseigner tout simplement en prenant contact par téléphone ou par message ou alors en prenant rendez-vous auprès de moi afin de partager vos interrogations ou hésitations.
Le premier pas vous appartient...
Je reste à votre écoute.
Hervé Princl, psychologue clinicien, psychothérapeute.